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À la découverte de Baek Hee-Na et de Magic Candies : une histoire qui touche le cœur

J’ai toujours aimé lire des livres pour enfants et regarder des films d’animation. Ces histoires, bien qu’adressées aux plus jeunes, résonnent souvent bien au-delà, reflétant le monde des adultes avec une douceur et une sincérité uniques.

Depuis que je travaille dans la création de mobiles bébés et de jouets pour les tout petits, mon regard sur cet univers s’est encore affiné. Je lis plus, je découvre davantage d’albums illustrés, de récits délicats qui parlent aux petits tout autant qu’aux grands. C’est ainsi que j’ai rencontré les œuvres de Baek Hee-Na.

Parmi ses livres, un en particulier m’a marqué : Magic Candies (알사탕/Alsatang). Et aujourd’hui, cette œuvre prend une nouvelle dimension avec son adaptation en court-métrage d’animation, Magic Candies, réalisé en 2024 par Daisuke Nishio, écrit par Baek Hee-Na et produit par le studio d’animation japonais Toei Animation. Le film, d’une durée de 21 minutes, est nommé aux Academy Awards 2025.

Baek Hee-Na est une autrice et illustratrice sud-coréenne au style unique. Ses livres ne sont pas de simples albums illustrés : elle construit de véritables scènes miniatures, avec des personnages en volume, des décors travaillés, et elle les photographie avec un soin méticuleux. Chaque page est un tableau vivant, un instant figé dans un monde tangible, plein de textures et de profondeur.

Son talent a été reconnu internationalement, notamment avec le prestigieux Prix Astrid Lindgren en 2020. Mais au-delà des distinctions, ce qui rend ses livres inoubliables, c’est la manière dont elle capte l’essence des émotions humaines.

Dans Magic Candies, nous suivons Dong-Dong, un garçon un peu solitaire, qui découvre un jour un sachet de bonbons mystérieux. Lorsqu’il les mange, il commence à entendre des voix qu’il n’avait jamais perçues auparavant.

Mais ce qui rend l’histoire encore plus riche, c’est que chaque bonbon n’est pas choisi au hasard. Ils sont visuellement liés à la voix qu’ils révèlent.

Le premier bonbon a un motif à carreaux, identique au tissu du canapé. En le mangeant, Dong-Dong entend le canapé se plaindre de l’odeur des pets de son père et de la télécommande coincée en lui. C’est un moment drôle, mais aussi une première leçon : même ce qui semble silencieux a quelque chose à dire.

Le deuxième bonbon est blanc avec des taches brunes, tout comme Goo-Seul, son chien. Grâce à lui, Dong-Dong réalise qu’il avait mal interprété le comportement de Goo-Seul. Lorsque Goo-Seul baille, ce n’est pas parce qu’il trouve ennuyeux de jouer avec Dong-Dong, mais parce qu’il est nerveux. Et s’il s’enfuit parfois, ce n’est pas qu’il n’aime pas Dong-Dong, mais simplement parce qu’il est vieux et préfère se reposer, alors que Dong-Dong veut l’emmener partout avec lui. Ce bonbon lui apprend que ce que l’on voit n’est pas toujours la vérité, et que comprendre l’autre demande d’écouter au-delà des apparences.

Le troisième bonbon est couvert de petites piques, rappelant les barbes de trois jours de son père. Dong-Dong l’a choisi parce qu’il ressemble à sa mauvaise humeur, cette irritation qui monte en lui à cause des remarques incessantes de son père. Dès que ce dernier rentre à la maison, il enchaîne sans attendre une avalanche de questions et de consignes : « Tu as lavé tes mains ? Tu as fait tes devoirs ? Tu as promené Goo-Seul ? Tu as pris un sac plastique pour ramasser ses crottes ? Tu t’es brossé les dents ? » Une page entière est remplie de ces phrases, sans aucun espace, étouffante, pressante. Dong-Dong en a assez. Avant d’aller se coucher, il prend un bonbon avec des petits piques comme un acte de rébellion. Mais au lieu d’entendre encore des rappels et des ordres, ce qu’il perçoit le surprend : une voix douce, insistante, répétitive. « Je t’aime. Je t’aime. Je t’aime. » Il se lève et suit cette voix qui l’appelle jusqu’à la cuisine. Il y trouve son père, debout, en train de faire la vaisselle. Il ne parle pas. Mais Dong-Dong l’entend. Son cœur parle pour lui. Il comprend alors que, derrière tous ces rappels, toutes ces phrases, tout ce souci du quotidien, il y a quelque chose qu’il n’avait jamais entendu clairement. Son père ne dit pas « je t’aime », mais il l’a toujours dit autrement. Dong-Dong s’approche et l’enlace doucement. « Moi aussi. »


Le quatrième bonbon est rose et doux,
comme un bubblegum. Il souffle une bulle, qui s’envole par la fenêtre… et qui revient flotter doucement avant d’éclater à son oreille. Une voix surgit. « Coucou, mon précieux. Dong-Dong, est-ce que tu vas bien ? » Il sursaute. « Grand-mère… c’est toi ? Vraiment, tu m’entends ? » Il souffle une autre bulle pour s’assurer qu’il ne rêve pas. Lorsqu’elle éclate, la voix revient, claire et tendre : « Bien sûr que je t’entends ! Et ne t’inquiète pas pour moi. Je suis heureuse ici. J’ai retrouvé tous mes amis et nous jouons ensemble, comme avant. J’espère que toi aussi, tu t’amuses avec tes amis. Dong-Dong, cours et joue autant que tu le peux. »



Puis vient le cinquième bonbon, et tout change. Ce bonbon est aux couleurs des feuilles d’automne : jaune, orange, vert vieilli. Lorsqu’il le mange, le son vient de dehors. Dong-Dong sort. Tout autour de lui, les feuilles tombent, et elles disent « Au revoir, au revoir, au revoir. » L’automne, c’est la saison de la transition, le moment où la nature change, mûrit, se prépare à autre chose. C’est un Bokseon (복선), un présage subtil. Les feuilles d'automne annoncent ce qui va suivre. Puis, au loin, il aperçoit un autre enfant. 

Et alors, il reste un dernier bonbon. Le dernier bonbon est parfaitement transparent. Dong-Dong le met dans sa bouche.

« Mais le tout dernier bonbon, le bonbon translucide, était totalement silencieux. »

Il attend…

Mais rien.

Il n’y a plus de voix.

Il regarde l’enfant au loin.

« Et donc… j’ai décidé que, tant qu’à faire, autant parler en premier. »

.
.
.
« Tu veux jouer avec moi ? »



Awoooooong~~~~ Trop~~~ chou.... !!! 💛🧡❤️


Quand j’y repense, moi aussi, enfant, j’étais quelqu’un de très timide (je le suis encore), mais j’ai toujours eu des amis autour de moi.

J’étais très douée pour tailler les crayons et on venait me demander : « Tu peux tailler mon crayon aussi joliment ? »
Je chantais bien et, aux fêtes scolaires, on me proposait souvent de chanter.
J’avais une jolie écriture et on me confiait des lettres à embellir.
Plus tard, en Allemagne, c’était ma guitare qui m’a rapprochée des autres.

Je ne savais pas dire « Tu veux jouer avec moi ? » mais je crois que, d’une certaine façon, je le disais autrement.

Tous les enfants ne vont pas spontanément vers les autres. Certains avancent à petits pas, laissent des signes à peine visibles, un regard, une attention, une note de musique, un dessin tracé en silence. Parfois, c’est suffisant. Parfois, il suffit d’être là, juste assez, pour qu’un autre s’approche.

C’est pour ça que nous, adultes, devrions simplement être là, sans forcer, sans leur dire quoi faire. Chaque enfant trouve son propre chemin vers les autres. Certains en courant, d’autres en écoutant, d’autres encore en offrant quelque chose d’eux, un petit talent, un petit geste, presque rien, juste assez.

Dong-Dong, il a écouté, puis il a compris. Et au bon moment, il a trouvé les mots...


NB.
En refermant Magic Candies, une autre histoire m’est venue à l’esprit.

Un enfant qui, à travers ses rencontres, découvre des vérités invisibles.

Dans Le Petit Prince, il voyage de planète en planète, apprenant à travers ceux qu’il croise.
Dans Magic Candies, Dong-Dong ne traverse pas l’espace, mais un monde qu’il n’avait jamais entendu auparavant.

Là où Le Petit Prince apprend par le dialogue, Dong-Dong apprend par l’écoute.

Et au bout du voyage, chacun trouve une réponse.

Le Petit Prince comprend que l’essentiel est invisible pour les yeux.
Dong-Dong, lui, comprend qu’il est temps de parler à son tour… 


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